SOMMAIRE

Les Bigoudens à Hanvec

        Un courant migratoire oublié

        Les causes de l'immigration

La branche QUINIOU aux 18ème et 19ème 

          De ferme en ferme locataires

Un mode de production manuel

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NOTES et DOCUMENTS

        Exode des Bigoudens (Article de Loîc Besnard)
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AUJOURD'HUI

La Chapelle Saint VIO Video  - mibonnier
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Exode de Bigoudens

        Lors d'un mariage en 1932 Tad et Mam sont retournés au "Pays" quelque trente ans après l’avoir quitté. On remarquera les deux modèles de coiffe bigoudène. Mam' porte celle du début du siècle  beaucoup moins haute que celle de toutes les jeunes bigoudènes entourant les mariés ce jour là

                  Tad et Mam au mariage de leur fils Jacques à Plonéour
A quel moment Tad’ et Mam (14-15) ont-ils quitté Lesréguéoc bian en Plonéour et sont ils arrivés
 à Keronezou en Hanvec ? C'est la naissance de leurs enfants qui nous permet de dater leur exode  de
leur "pays" natal     
      
Chronologiquement le troisième enfant - Jean Marie (7,3) - est né à Ploneour en 1899 où Ils sont toujours présents en Juin 1902 or Marie Yvonne (4,) naît en 1902 à Hanvec. Sans doute les parents 
sont-ils « entrés » dans leur nouvelle location pour la Saint Michel 1902. Les voilà désormais installés en ferme à Keronézou dans une location avec leurs trois premiers enfants (Marie  Louise [4] née en 95, Jeanne Marie(4,)  née en 97, Jean Marie (4,) né en 1900…)
Naîtront à Keronézou six enfants (4,) Marie Yvonne (1902), Yvon (1905), Marie Angèle (1908), Marie Anne (1910), Jacques (1913) et Joseph  (1915)

"Que de Marie chez les hommes comme chez les femmes ! En premier ou deuxième prénom ! Mais dans la vie courante toutes ces tantes de ma mère on les appelait Maryvonne, Marianne mais Marie Jeanne... C'était Tante chan' " (Jacqueline Musellec)               
Le Ménage (Tad’ et Mam’) résidera à Keronézou jusqu’en 1935. La ferme est devenue trop lourde à exploiter - tous les enfants sont mariés à l’exception de Jean Marie qui va sur ses 35 ans - On quitte pour la petite ferme de Stang’Ar Vezen en Rosnoën (à descendre la grande côte menant à la rivière et au passage) où meurt Tad’ en 1946. Mam’ ira vivre d’abord dans le bourg de Rosnoën. Restée seule, après le mariage de son dernier fils, elle viendra habiter Ty Bol dans une petite maison proche de celle de son fils Yvon marié à Marie Lagadec. Une chute malheureuse… Une fracture de l’avant bras dont elle ne se remettra pas. Elle meurt au Faou en 1963. Elle allait sur ses 90 ans 

            
Une photo de famille. Celle du mariage de Marie Yvonne (Maryvonne) Quiniou (4,) avec 
        Jean Marie Le Mens, le 22 mai 1932, à Hanvec. Tous les enfants Quiniou (4,) sont là excepté 
Jacques. Les tenues et coiffes portées par les jeunes filles et la mariée sont celles de Châteaulin. .
Deux bigoudènes dont Mam' (1,9) et sa sœur (1,3) sont reconnaissables à leur coiffe basse 

    La famille Quiniou n’était pas la seule à être venue du Pays bigouden en ce début de siècle. 
D’autres fermiers s’étaient aussi expatriés : On retrouve  une ou deux autres familles du coté 
de Boudourec  « Ils étaient venus avec de nouvelles habitudes… Ce sont eux qui introduiront
 de nouvelles cultures (les petits pois) et de nouvelles techniques de travail, en particulier dans la
culture des pommes de terre qu’ils développeront »
    Les souvenirs des témoins sont-ils véridiques… Sont-ils précis. Un article paru dans Cap Caval
 en 2000 nous donne un aperçu de cet exode bigouden à Hanvec

       Les Bigoudens à Hanvec
           Un courant migratoire oublié                                        
 Sources : article de Loïc Besnard [1] paru dans la revue Cap Caval en l'an 2000 que l'on retrouvera in extenso en fin
 d'article
        "L’expansion démographique au pays bigouden durant la première moitié du XXème
          siècle entraîna une émigration précoce d’habitants à la recherche d’un travail. Si certains
          se dirigèrent vers les ports et les villes, une majorité, issue de la campagne, se mit en quête
          de nouvelles terres à cultiver

      Les premières vagues s’installèrent dans les régions limitrophes (Pays fouesnantais
 et glazig) mais à défaut de fermes disponibles, les Bigoudens se répandirent vers 
d’autres secteurs du département. Les régions du Faou, d’Hanvec, de l’Hôpital 
Camfrout et de la presqu’île de Crozon attirèrent bon nombre d’entre eux. C’est ainsi 
que commença un mouvement migratoire de Bigoudens vers Hanvec parmi lesquels
 on retrouve la branche Quiniou-Le Moal qui s’installe dans la presqu’île de Lanvoy 
à Keronézou
       Les premiers migrants arrivent dès le début du XXème. Au recensement de 1906 
à Hanvec, 34 personnes sont nées dans cette région. Les familles Le Gall, Le Coz,
 Larnicol, Quiniou sont là depuis peu comme en témoignent les naissances des enfants
 à Hanvec. La majorité des couples sont venus avec leurs premiers enfants en bas âge.
 C’est le début d’un mouvement qui prendra de l’ampleur. En 1931, on compte 102 
Bigoudens dans la commune"

      Quelles peuvent être les causes de cette immigration ?
      Le recul de la mortalité et le maintien d’une très forte natalité ajoutés aux progrès de la
 médecine ont provoqué une très forte augmentation de la population bigoudène. Les 
campagnes qui commencent à se moderniser (on a besoin de moins de main d’œuvre) ne
 peuvent occuper tout le monde ni répondre aux demandes d’installation de  jeunes fermiers. 
De nombreux ruraux vont émigrer. C’est le début d’un exode qui se poursuivra tout au long 
du XXème avec une accélération après la guerre 14-18.
      En Pays Bigouden où la pression démographique est des plus fortes, où les exploitations
 ne peuvent pas être plus divisées qu’elles ne sont, à moins de ne plus être rentables, on se 
décide à chercher ailleurs ce qui entraînera un changement complet de mode de vie  Ce sont
 de jeunes couples qui en majorité s’expatrient, ce qui entraîne de profonds changements, une
 évolution des familles et des ménages et nécessitera une adaptation au « nouveau pays »
      Exemple de Tad et Mam cohabitant, avant leur départ, avec les parents et un ou deux
 couples de frères de Mam mariés. Trois ménages sont recensés dans la même exploitation 
en 1896 à Lestréguéoc Vian. « Expatriés » à Hanvec, ils vivront à Keronézou seuls avec 
leurs enfants (famille mononucléaire)

        Kerenezou est un gros village à la limite du Faou sur la route qui mène à Lanvoy. On recense 43 
habitants en 1911 dans huit ménages. Un artisan maçon, un journalier et  6 cultivateurs. Parmi
ces derniers on compte 2 propriétaires  (Rosmorduc - Herry) et 4 fermiers (Plour - Sevaër - Quillec -
Quiniou) Ces deux derniers sont des ménages de bigoudens arrivés avec leurs premiers enfants, les 
Quiniou dès 1902, les Quillec sont arrivés trois, quatre ans plus tard

La presqu'île de Lanvoy


    
    "Ils ne sont pas les seuls à arriver. Une implantation géographique bien précise dans la
 presqu’île de Lanvoy à Keronézou où s’installe un autre couple venu de Tréméoc 
(Quilliec x Dilosquer). mais aussi dans une aire resserrée au sud du bourg d’Hanvec sur
 les hauteurs dominant la rivière du Faou (le Steir Goz en amont du Faou) où l’on recense
 six familles en 1906. On y trouve deux ménages à Coatmeur (Bizien x Le Pape – Le Pape x
 Le Berre) et 4 autres ménages originaires de Plomeur sont installés à proximité. A Valanec
 (Larnicol x Jacquot). A Villase (Hélias x Durne) (Plouhinec x Bouennec). A Kerfeutaniou
 (Le Coz x Stephan). A Gorré Hanvec (Anne Marie Salaun).
      A partir de 1911 et surtout après la guerre de 14-18, les lieux d’implantation seront plus
variés. Nouvelles arrivées mais aussi mariage des enfants qui s’implantent dans d’autres
lieux, autant de bigoudens ou bigoudènes au vu de leur lieu de naissance" (Loïc Besnard paru dans
la revue Cap Caval en l'an 2000). 
C'est le cas 
  • de Marie Louise Quiniou (7) - Mémée - née en 1895, venue de Plonéour avec ses parents à Keronezou,
qui passe après son second mariage avec François Mocaër, de Kerbellec à Kerohant puis à Rusaden
  • de Jeanne Marie Quiniou (7,) -Tante chan’ - née en 1897, venue de Plonéour, se marie avec 
Jacques Marie Mocaër et le couple s’installe en ferme à Boudourec 

Jo Le Cann, un enfant d’Hanvec, nous rapporte dans « Au pays des sabotiers » 
"Dans ma commune quoique proche du Léon, on ne voyait que de rares coiffes de cette région, 
par contre celles des bigoudènes et des « bourleden » (Pays Glazig) étaient nombreuses.
Ne cherchez pas sur les cartes postales du début du siècle prises lors du pardon de Rumengol 
la haute coiffe bigoudène que tout le monde connaît, on porte une coiffe beaucoup plus basse. 
La meilleure façon de s’intégrer n’est elle pas d’oublier ses origines et de se couler dans le 
moule du Pays d’adoption ?" 

Dans la famille Quniou si la mère Jeanne Le Moal (15) reste fidèle à son costume d’origine, ce n’est pas
le cas de ses filles qui adopteront le costume de leur nouveau pays. Ainsi les filles Quiniou (Marie 
Louise, Marie Jeanne…) portent-elles le costume et la coiffe de Châteaulin lors de leur mariage

"Pas toujours facile de s’adapter nous dit Loïc Besnard. Un de ces « bigouds » transplanté à 
Lanvoy à l’âge de 5 ans nous confiait que certains petits camarades d’école se moquaient de
son breton du sud, de son accent… Mais selon ce témoignage, cette attitude s’exerçait aussi 
envers les Léonards, en fait contre tous ceux qui apparaissaient comme « étrangers »

Nouvelles activités
L’ouverture d'une « usine de conserverie du Faou, au lieu et place d’un grand moulin sur la rivière
 ouvrira de nouveaux débouchés. La cueillette est faite par les femmes et les enfants. 
« La seule activité rétribuée était le ramassage des petits pois. Le soir, les sacs s’alignaient à 
l’entrée du champ, près de la bascule se souvient Jo Le Cann. Quand venait la saison, les 
haricots et les petits pois semés dans les champs en rangs par les paysans étaient cueillis 
par de nombreuses femmes au foyer dont les femmes de marins. Mis en sac, ils devaient être
 équeutés ou écossés. C’est un travail qui était fait à la maison. En période de production,  
certaines allaient chercher des sacs à l’usine puis les rapportaient une fois le travail effectué »

L’histoire des petits pois en Bigoudénie

        Au début du XXème, dans la plupart des fermes bigoudènes, on se mit à faire du petit pois. 
Signe que les mentalités avaient changé. Si la pomme de terre à ses débuts s’était heurtée à ce
que les observateurs extérieurs nommaient les routines et les résistances du paysan, le petit 
pois en revanche se répand très vite. Les anciens qui vivent sur les palues se rappellent 
combien cette culture était pénible. On semait la poignée de petits pois dans un trou humide
et froid et on la couvrait d’une poignée d’engrais. Fréquemment les forts vents arrachaient
d’un seul coup les jeunes plantations emportant mottes de terre et espoirs de récoltes tout à
la fois. Le développement du petit pois visait à la fois à apporter un revenu aux paysans, à
rentabiliser les entreprises et à donner du travail aux employés des usines de conserveries 
(essentiellement des femmes) in Segalen

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                Remontons le temps
           Nous avons  remonté l'histoire de la lignée Le MOAL - celle de Mam' (15) dans 
l'article précédent de ce blog  148,2 - LES TRAVAILLEURS DE LA TERRE
https://www.blogger.com/blog/post/edit/9109180975607901904/1126767698413897313

            Les  LE MOAL domaniers (Lignée de Mam'(15) (30-31) (60-61) 

            En PLONEOUR au manoir de La Tour ou à Tyer Bian ou Ty Bian - à Lespern, a Ty(o)rbian, 

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 Mais Tad QUINIOU (14) quels étaient ses ancêtres bigoudens ?  D'où étaient ils 

venus ? De quelle paroisse ?


       La branche QUINIOU aux 18ème et 19ème

           Elle est originaire de Loctudy à une époque où cette paroisse n’avait pas encore été amputée de
sa bordure ouest incluant Kerdrevel  au bénéfice de Plobannalec
           Les Quiniou étaient-ils de Plobannalec, de Loctudy ?
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A la veille de la Révolution et une réorganisation territoriale de certaines communes, Loctudy étendait ses frontières jusqu'à
 la rivière et l'étang de Pont Labbé et poussait une pointe à l'ouest jusqu'à l'entrée de Plobannalec. 
Inexistence  de Pont Labbé en tant que paroisse à cette époque sans  doute due à l'adhésion des barons
 du Pont à la réforme. Les chapelains furent chassés. Les recteurs de Loctudy et de Plobannalec retirèrent 
à eux les les paroissiens de la ville de Pont Labbé et leur firent obligation d'aller à Pâques dans leurs
 paroisses. Lors de la réorganisation, Plobannalec fut amputée au nord au profit de Pont Labbé qui 
récupérait au sud la partie de Plonivel. A l'est, Loctudy lui cédait un terrain considérable avec de nombreux village dont Kerdrevel, Kéroulé, Kerlien, Kerfulon, Kervéguen, Kerhuaré, Kervégit, Kervelegen, Le Rest, Kerdrein et la moitié de Lescatouam
(in "Cahiers de l'IROISE n° 3 1982)
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LL    Les Quiniou sont "fermiers" "laboureurs de terre". Ils n’ont que leur bail mais sont propriétaires des 
bi biens mobiliers de la ferme. Le père peut chercher à transmettre ce bail à un de ses enfants avec l’accord 
du du propriétaire. Si ce bail court encore, possibilité de « donner à l’un de ses gars » en établissant une subrogation de père à fils ou gendre. Ce cas est rare, « le vieux » étant en général resté chef de ménage. Deuxième possibilité, à la fin du bail. Si le propriétaire décide de garder son fermier, si la rente 
(le (le fermage) a été payée régulièrement, il y aura reconduction en faveur d’un des enfants.
          Qu’en est-il des biens mobiliers propriété de la famille ? 
    Dans ce cas, « le mobilier » de la ferme sera évalué et celui qui reprend éventuellement le bail
 dédommagera ses frères et sœurs. Cela ne pressera pas tant que ces derniers resteront sur l’exploitation
 ce qui peut expliquer leur présence dans l’attente du mariage. Ce n’est que mieux reculer pour sauter. 
Arrivera un moment où celui qui quitte exigera sa part près du frère ou de la sœur.

A           A Kerdrevel
       Olivier Le Quiniou* (224) nait en 1733 dans ce village. Il se marie à Loctudy en janvier 1756
 avec Perrine Leroux (225) originaire de Plobannalec (Publications successives en trois semaines des
 bans de 10 couples suivies du mariage de trois  couples le 13 janvier 1756 dont Olivier et Perrine)
       Tous deux décèdent à Pont Labbé, paroisse de Lambour : Perrine en 1793 et Olivier en 1809. 
Sans doute était-il allé demeurer chez un de ses enfants
       Les naissances s’étaient succédé à Kerdrevel  (Bras ou Vian) :Jean Olivier en 1756, Jeanne en 1757,
 Marguerite en 1759, Sébastien (112) en décembre 1760… Le couple aura au moins 8 enfants.

      
                                                                              Eglise de Lambour

La chapelle était sous l’Ancien Régime trêve de Combrit c’est-à-dire qu’elle formait une
sous-circonscription de cette paroisse.  Elle avait été décapitée en 1675 sous Louis XIV en répression
à la révolte des Bonnets Rouges. La voilà, de février à décembre l790, église paroissiale, le temps
que Lambour soit unilatéralement proclamée commune par les citoyens de la rive gauche de la rivière. 
Une situation « administrative » qui ne dure guère. Elle est rapidement dissoute par les autorités
préfectorales, insensibles aux incompatibilités de voisinage. Voilà nos « Lambourgeois » désormais
intégrés à la commune de Pont L’Abbé

De nos jours, cette église en ruines ne serait désormais utilisée pour le culte que le jour du pardon
 de Saint-Jacques célébré chaque année le dernier dimanche de juillet

   Sébastien Le Quiniou*(112) était né en 1760 au village de Kerdrevel en Loctudy, à cette époque là.
Les bans de son mariage  sont à Loctudy toujours pour la même raison : trois publications les 9, 13 et 16
mai 1779. Il épouse Marie Louise Lemoigne (113) de Plobannalec où le couple s’installe. Les naissances
se succèdent en 1782, 1783, 1785, 1790 année où naît le 1er mai, au hameau de Pen a Park (Prat) 
 Jean Olivier (56)
 On « se déplace » à Pont L’Abbé à moins que le village de Pen ar Prat ait été enlevé à Plobannalec,  ce
 qui me parait plausible
   Voilà notre jeune couple résidant désormais à Pont L’Abbé : naissances de Corentin (1792), de 
Sébastien (1795). C’est aussi là que se succèdent les décès des enfants en bas âge en 1797, en 1801 et
 ceux des grands parents en 1793 et en 1809. La recherche des actes de naissance et de décès nous 
préciserait le village. Au moins 6 enfants dont 4 meurent en bas âge de quelques jours à moins de 10 ans.

  Jean Olivier le Quiniou (56)
 reste fidèle à sa zone d’endogamie. Premier mariage avec Marie Jeanne
Le FLOCH en février 1812à Pont L’Abbé. Naissance d’une fille. Décès de Marie Jeanne, la première 
épouse, en Octobre 1817 à Kerdrevel où est revenu le couple

Kerdrevel et ses deux hameaux proches l’un de l’autre identifiés classiquement Bras et Bian. Structures
regroupant leursbâtiments autour d’une cour à framboas. Petites pièces de terre (courtils ou liorz) attenant
aux bâtiments

Le remariage des veufs et veuves est courant. On ne le reste pas longtemps avant de retrouver… 
Jean Olivier se remarie un an plus tard avec Catherine Le Pape (57) elle aussi veuve  de Noël 
Baloin décédé à Plovan. Les délais de veuvage sont courts : 18 mois pour l’une, un an pour l’autre.
 Le mariage a lieu à Plobannalec le 15 octobre 1818 mais la mariée est de Treguennec. Est-ce pour
 se rapprocher du berceau de la famille Le Pape, qu’une quinzaine d’années plus tard, le couple 
émigrera à Plonéour dans une zone limitrophe de Tréguennec ?

   Veuvage et remariage
   Une autre caractéristique de la nuptialité - veuvage et remariage - est également d’un intérêt
 majeur. Consécutifs de la forte mortalité, le veuvage et le remariage très répandus, marquent ici 
encore un trait de la spécificité bigoudène. Jusqu’en 1860, de 20 à près de 30% des unions sont 
en fait des seconds mariages, entre un veuf et une célibataire, ou l’inverse, ou entre deux veufs.
D’une façon générale, les veuves ont de moindres chances de se remarier que les veufs, sauf si 
elles se trouvent  encore jeunes, à la tête d’une exploitation agricole de taille importante… Les
veufs, aisés ou démunis, se remarient vite, surtout s’ils ont de jeunes enfants à charge.
L’organisation du travail reposant sur la coopération de deux forces de travail 
complémentaires masculines et féminines, il importe de reconstituer l’unité de production ce
dont les données démographiques ne rendent pas compte (in M. Segalen) [2]
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        [2] In Segalen : Entre 1849 et 1974, des 39 dispenses accordées à Saint Jean, 8 concernent des liens
 d’affinité dont 7 un veuf qui épouse la sœur de sa femme 
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    Le deuxième ménage de Jean Olivier (56)
    Sa nouvelle épouse - Catherine Le Pape (57) - est de Tréguennec où elle était née au village de 
Kermadec en l’an III. Elle vient le rejoindre à Kerdrével où se succèderont de 1819 à 1837 
onze naissances de petits Le Quiniou. Jean Corentin né en 1819 est l’aîné de onze frères et sœurs,
la dernière étant Marie Sébastienne née en 1839
    Les recensements de 1841 et de 1846 font apparaître un ménage nucléaire regroupant uniquement
le couple de parents et leurs enfants dont Yves* (28) né en 1832.
    Le ménage n’est pas recensé en 1846 à Kerdrével qu’ils ont quitté  Où sont-ils allés ? Quelle est
la raison de leur départ ? Les relevés des recensements dans les communes environnantes 
(Loctudy, Tréffiagat, Pont l’Abbé, Plomeur, Combrit, Peumerit, Treogat, Penmarch, Le Guilvinec…
restent muets. S’est-on rapproché de Tréguennec, pays dont était originaire Catherine Le Pape ?


    Demi-frères et demi-sœurs
    Quelques mentions marginales dans les recensements où est d’abord précisé le ou la chef de 
ménage attestent d’un second mariage (enfant de la précédente - fils ou fille du chef de ménage)
    Les mariages de veufs et de veuves épousant des personnes veuves de mariages précédents, 
multiplient ainsi les enfants de plusieurs lits. Que de demi-frères et sœurs amenés à partager un 
temps un espace domestique créé par le mariage ou le remariage de leurs parents.

     A Kericun en Plonéour en 1851
     Déplacement dans un rayon d’une vingtaine de km. On retrouve le ménage (56-57) au hameau
 de Kericun en Plonéour (au nord Ouest du bourg hameau proche de La Tour, de Tyar Bian, du
 Moulin de la Tour)  


                   Une structure villageoise entourée de petits champs regroupant au moins trois fermes dont une
 à cour carrée pratiquement fermée du type « maner » Les aires des fermes 1160, 1147, 1148, 1149
 débouchent sur une zone de communs. On remarquera la 1160 aux limites définies qui nécessite
 un droit de passage pour la traversée du village et l’accès à certains champs, source le plus souvent
 de chicanes

    A Kéricun, le ménage Quiniou
    On y restera la durée d’un un bail fermier de 9 ans Les deux parents (56-57) sont âgés de 60 ans
 (Jean Olivier le père est dit chef de ménage) et 5 enfants de 14 à 28 ans aident. Une famille du
 type nucléaire qui regroupe, outre les parents, Jeanne (26 ans) Jean Corentin (25 ans) Louis (21 ans)
 Yves* (18) et Laurent (14). Pas de domestiques. Un des garçons - Dominique - a déjà quitté et se
 mariera quelques années plus tard avec X Le Blevec de Pont L’Abbé. Cette union sera de courte
 durée puisque Dominique meurt deux ans plus tard. 
    Vient le temps des mariages de Jeanne en 1853, de Jean Corentin en 1854, de Dominique en 1857, 
de Louis en 1861. Problème de débouchés pour nos jeunes couples à la recherche d’une ferme. 
    Le premier mariage est celui de Jeanne qui épouse à 29 ans, en novembre 1853, Jean Alain Bilien. 
Le jeune couple s’installe à Kericun avec les parents. La famille est alors polynucléaire : Est venu
se greffer un noyau secondaire descendant qui se développe avec la naissance d’un enfant (Pierre Bilien
en 1855
    Le vieux ménage (56 - 57) a dépassé la soixantaine mais Jean Olivier (56) reste chef de ménage d’une
exploitation « familiale »

Lors du recensement  de 1861, la famille s’est déplacée de nouveau. Le non renouvellement du bail
en est vraisemblablement la cause.  Direction le sud, toujours à Plonéour, à l’entrée de la langue de
terre séparant Saint Jean Trolimon de son enclave, langue dite de la Côte dont le principal village 
au nom évocateur est le Stanc tout proche du Loc ar stanc. On a quitte Kericun pour Kervescar


        Au Nord Ouest du bourg, en bordure de la route menant au Stanc (g) grand village de la palue. Deux grands 
bâtiments de fermes et dépendances sur les deux côtés d’une cour enclose (656) (657)

En 1861 et 1866, la famille Quiniou semble la seule à occuper les lieux mais la structure familiale
a évolué :
  • Décès du père Jean Olivier (56) en 1858 âgé de 68 ans.
  • Mariage de l’aîné Jean (28,) après 1851, qui a épousé une fille de Peumerit et se retrouve sans      doute chez ses beaux parents.
  • Mariage d’un second fils  Louis (28,) qui a quitté aussi la ferme pour épouser, en mai 1861, Jeanne Anne Mourain (une branche que nous retrouverons à Kermorvanbian en Plonéour)
  • Disparition du couple (Jeanne (28,) - Jean Bilien) pour une cause inconnue sans doute sont-ils décédés tous deux. Leur fils Pierre, orphelin, a six ans et sera dorénavant élevé par la grand-mère (57) devenue chef de ménage
  • Catherine Le Pape* (57) a 66 ans. Elle peut compter sur trois garçons toujours célibataires : Jean Marie (33ans) Yves (29ans) et Laurent (26ans). On recense une domestique en 1861. C’est une femme âgée de 26 ans. Six ans plus tard on en recensera deux de 23 et 25 ans. Elles apportent leur aide à la ferme mais aussi à la maison. 


 Assurément Catherine (57) savait reconnaître tous ses petits enfants dont trois sur quatre étaient 
orphelins (de leur père ou de leurs père et mère)
Une maisonnée qui en 1866 compte 8 personnes et que dirige toujours Catherine Le Pape Veuve Quiniou qui est dite « boîteuse» [2]
    « Le mal que nous redoutons par-dessus tous les autres, au Pays Bigouden, c’est
 l’impuissance des jambes qui fait boiter tant d’hommes et encore plus de femmes. Un mal
de famille peut-être mais dont nous nous passerions fort bien. Pourtant, nous avons dans
la contrée de saints personnages dont on dit qu’ils protègent contre cette disgrâce. A 
Plogastel, il y a une fontaine dédiée à Saint pierre dans laquelle  on baigne les enfants faibles
des reins ou qui tardent à marcher. Sur la palud de Treguennec, près de la chapelle Saint
 Vio, une autre fontaine a les mêmes vertus 
   Un jour de pardon, vers 1925, je vois des groupes de mamans bigoudènes attendre leur 
tour pour asperger de la petite eau à guérir leurs bébés dénudés de la taille aux pieds 
Cinquante ans plus tard encore, quelques grands-mères frotteront  de cette eau leurs petits
enfants, les dernières grand-mères qui tremblent un peu de l’ancienne appréhension et
nourrissent un peu l’ancien espoir » (P. J. Helias)

Et si P. J Helias allait voir Saint Vio aujourdhui.. (en fin d'article)
La chapelle en Tréguennec
  SAINT VIO DEFIGURE en Novembre 2014
  https://www.youtube.com/watch?v=51NugVmsuc8
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     A Kervescar huit personnes cohabitent car on a recueilli en plus une autre orpheline, petite fille 
de Catherine - Marie Jeanne Quiniou (sans doute issue du mariage Quiniou-Le Blevec). En 1866, 
toujours à Kervescar sous l’autorité de Catherine* âgée désormais de 71 ans, la structure familiale
est de nouveau polynucléaire car Jean 1 (28,) fils du premier lit d’Olivier Quiniou s’est marié à 
33 ans et habite la ferme familiale. Il a épousé Marguerite Andro (29)*, une fille de meunier du 
moulin du Fao. Le couple aura un enfant - Jean (Marie) qui naît en 1864 mais le père - Jean Marie 
- meurt en Octobre 1865.

    Que fait sa veuve Marguerite Andro ? Elle épouse trois ans plus tard son beau frère Yves* (28). 
Le mariage a lieu le 13 juillet 1868 à Plonéour. Un renchaînemenr par alliance qui permet de ne
pas diviser l'héritage familial.
Naissances en 1870 de Jean Marie (14). Le ménage est resté à Kervescar où résidait déjà
Marguerite lors de son premier ménage et où se côtoient plusieurs générations. Fin 1870, 
Catherine est entourée du deuxième ménage (28-29) et de 4 petits enfants issus de trois branches
filiales. Ajoutons deux domestiques - deux femmes (23 et 26 ans). Une structure qui regroupe 9
personnes
A propos du nouveau mariage de Marguerite*avec Yves*(28-29) il n’y a pas consanguinité 
entre les deux nouveaux époux et cette union ne relève pas des interdits de l’Eglise. Il s’agit 
d’un mariage dans la même ferme d’un homme et d’une femme non apparentés, d’âges compatibles                 (femme plus jeune que l’homme). Ce remariage permet de régler de délicats problèmes de 
succession  et d’assurer le bon déroulement de la vie quotidienne au sein d’une structure familiale                     souvent importante. La veuve était en droit de demander sa part de succession. Rien ne sortira ainsi 
du patrimoine familial.
   Au 19ème, Cette forme particulière de mariage peu fréquente au siècle précédent qui est le 
remariage dans l’affinité se développe [3]. C’est un renchaînement [4] par alliance qui passe par
 le veuvage. Il s’agit d’une variante qui s’articule avec l’autre type de comportement dominant,
 le mariage consanguin
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[3] In Segalen : Entre 1849 et 1974, des 39 dispenses accordées à Saint Jean, 8 concernent des liens d’affinité dont 7 un veuf 
qui épouse la sœur de sa femme

[4] Renchaînement par alliance : Couple qui se marie ayant des relations dans leur affinité avec en commun deux paires 
d’ancêtres. On peut inversement définir le renchaînement en observant que deux couples d’ancêtres échangent des conjoints
sur plusieurs générations
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   Un mode de production manuel
   
Agriculture et élevage sont associés mais on peut s’étonner  de ne trouver que rarement mention des
tas d’engrais (marnis, fumier) et de paille. Ces deux éléments auraient un statut  particulier. Sans 
être réputés immeubles (propriété du propriétaire) ils appartiennent pourtant davantage au foncier 
qu’au domanier qui ne peut en disposer lorsqu’il quitte. Si le domanier est congédié, il sera 
remboursé de ses édifices, superficies pailles et engrais qui ne pourront être vendus ou 
transférés ailleurs  Le notaire n’inventorie jamais  le tas de paille localisé dans un  courtil spécial
en plein air.

          Journaliers et Journalières… Chimères et Misère
   
L’espoir du journalier est-il de parvenir un jour à être tenancier, c’est-à-dire de prendre à ferme
une propriété qu’il cultivera avec ses propres bestiaux. Il ne peut nourrir l’idée d’arriver un jour à
la propriété d’une terre qu’il cultiverait lui-même. Son travail principal s’exécute à la journée chez
un propriétaire qui conduit lui-même son exploitation. Il apporte ses bras et y consacre la majeure
partie de son temps. Le ménage de journaliers, s’il est logé dans les dépendances de la ferme qui l’occupe pourra bénéficier de minces avantages que pourra lui offrir cette proximité. Heureux celui
qui dispose d’un courtil attenant à son pen-ty où il cultivera quelques légumes, des pommes de terre
à son compte, d’un champ parfois qu’il a trouvé à louer pour  la vache qu’élève son ménage. Seul moyen  d’élever des animaux, celui de les faire paître sur « des pâturages naturels », des landes appartenant à la commune ou en « commun » aux villageois. Ces communaux, ces gagneries, ces
landes sont des friches  sur lesquelles poussent  spontanément herbe, ajoncs et bruyère. Elles 
fournissent à titre gratuit, à la famille, le combustible employé pour le chauffage domestique, 
la nourriture et la litière pour la vache qu’on élève. Rares avantages qu’offraient à tous les 
villageois les « communs » avant qu’ils ne soient partagés  à compter du milieu du siècle uniquement entre les propriétaires 
Une condition dont la grande majorité ne pourra s’évader. Journaliers et journalières  le resteront
toute leur vie et verront leurs enfants devenir domestiques ou journaliers à leur tour. Les enfants 
en dehors de l’instruction religieuse ne connaissent pas l’école. Il y en a bien une et même deux, 
mais on ne connaît pas la gratuité. Impossible de régler des droits d’écolage. A compter des années
1880, on suivra plus ou moins régulièrement l’école devenue laïque, gratuite et obligatoire. Une fréquentation (5) qui subira bien des accrocs lors des périodes de travaux. Les garçons et les 
filles vers l’âge de douze ans, parfois plus tôt chez certains ménages miséreux sont placés comme domestiques chez un « fermier ». Autant de bouches qu’on n’a plus à nourrir ! Ils y sont d’abord
chargés de la garde des troupeaux, puis de quelques travaux concernant leurs animaux Logés, 
nourris, vêtus,  ils ne reçoivent aucun gage de leur patron,
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(5) « Mauvaise fréquentation » est une expression courante que l’on retrouve dans les annotations des registres
matricules que rempliront les instituteurs à compter de 1890. A la lecture de ces annotations fort courantes, je m’étais d’abord dit que beaucoup d’élèves, se regroupaient, commettaient diverses bêtises, que leurs 
fréquentations n’étaient pas toujours de bon aloi, que bien des grands devaient entraîner des petits…Avant de comprendre qu’il s’agissait de « la fréquentation scolaire » ! Ouf ! Il est vrai que ces annotations étaient  vraiment trop nombreuses !
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Au travail
Pour préparer le sol, étendre le fumier, on utilise fourches, tridents, crocs à fumier dénommés            également « crocs à framboas » ou « framboise »[6 en notes fin d'article]. Les houes et
 marres sont très répandues ainsi que les bêches et herses et autres instruments servant à 
aérer le sol pour lui permettre d’être ensemencé une fois la terre charruée
La récolte s’effectue essentiellement à la faucille. Peu de faux sont mentionnées (à la
différence du pays gallo) alors que les inventaires font état de quantité de faucilles 
distribuées aux moissonneurs travaillant en équipe lors de la moisson (travail saisonnier des
journaliers) 
Le piquage du grain se fait avec cribles, drap à vanner et manège à cheval. L’absence des
fléaux est à noter. Le manège à cheval est sans doute le moyen de battre le plus usité.
         La pomme de terre demande beaucoup de travail. Mise en terre à la main (tranche ou petite
houette). Binage et buttage à la houe. Arrachage avec un instrument à main (croc, houe ou
fourche). Utilisation aussi de la petite charrue à bois pour « relever le sillon », l’ouvrir et
 mettre au jour les pommes de terre.

  Animaux, cheptel

Ils font partie des « meubles » et appartiennent au « fermier ». A la Saint Michel,
lorsqu’on changeait de location, on vidait tout, on chargeait ce que l’on possédait - ses actifs -
dans la charrette (meubles, linges, outils, grains, réserves diverses, instruments aratoires…) 
et l’on emmenait ce que l’on possédait, animaux compris.
Tous les inventaires font état de vaches dont le nombre varie selon la taille de l’exploitation. 
Point de gros troupeaux. Au maximum, moins d’une dizaine pour les plus grosses
exploitations, deux, trois voire quatre chez les petits fermiers. Production de lait - 
les produits laitiers sont à la base de l’alimentation quotidienne (bouillies, galettes, caillés…)
 - alimenta tion de veaux sous la mère) et de beurre (auto-consommation)
Le cheval est presque toujours mentionné. Sont régulièrement recensés les bœufs dits
« de labeur » Ajoutons une deuxième paire de bœufs plus jeunes, une ou deux génisses ou
 « génissons »qui renouvelleront le cheptel. Pas de grandes différences dans le type et le
 nombre d’animaux d’une ferme à l’autre, en revanche les fermes se distingueront entre elles
 par l’accumulation des vaches et des chevaux, des bœufs à labeur et des génisses. Certaines
 fermes disposent du minimum  d' une ou deux vaches qu’on attellera. Point de laboureurs
dits à bras que l’on différenciait des laboureurs à bœufs comme dans notre « pays de la Mée»
On n’a pas toujours les moyens de travail nécessaires et certains doivent utiliser les attelages
d’autres fermiers. Les plus riches prêtant en dehors de leurs propres besoins, les plus pauvres
 aidant les plus riches lors de gros travaux

 Quelque cent ans plus tard, avant la dernière guerre, Pépé Soïc, à Rusaden, pour les 
grands travaux sur les deux hectares et demi que comptait la ferme, empruntait son
cheval au voisin plus important pour ses gros travaux de charruage et de récolte. Il 
lui restait à « rendre », à apporter son aide lors des travaux chez le fermier d’à côté.
Les techniques avaient peu évolué et le travail manuel lors des récoltes primait
toujours. On « coupait» le blé, l’avoine à la machine mais mon cousin Yves Quiniou 
se souvient de "la radée" qu’il fallait ramasser à la faucille, du lien que l’on posait et 
du tour de main qu’il fallait pour lier la gerbe. Ainsi moissonnait-on encore à 
Rusaden en Hanvec dans les années 40. Mais plus de manège à cheval. C’est la 
batteuse de Kerohan qui se chargeait de « battre » la récolte" (Jacqueline Musellec
 "Quand j'étais petite fille")

Les animaux servent pour les travaux des champs, pour le transport et pour l’alimentation 
familiale. Il faut les nourrir On coupe la lande que l’on pile (la lande fauchée placée dans 
de grandes auges de granit est broyée pour que les animaux puissent l’ingérer) On 
engrange le foin fauché chaque année (ar fouenec  ou prairies fauchables). On mène paître
les quelques animaux sur des terres dites froides (ar goarem), des espaces qui sont plus 
ou moins délimités

 « Ah ! Garder les vaches au gwarm [6] Une zone sur les hauteurs parsemée de lande,
 de bruyère, de petits épineux où l’herbe poussait. Il fallait les surveiller nos trois,
 quatre vaches… Étions-nous toujours très attentifs ? Il aurait fallu les avoir tout le
 temps à l’œil et ne pas faire deux choses à la fois… Attrait de la lecture ?… Te
 souviens-tu Jacqueline du jour où elles nous ont échappé… Au moins cette fois
 n’étaient-elles pas passées dans une prairie voisine ! Non ! Elles avaient pris le 
 chemin du retour ! Les voilà rentrées à Rusaden sans nous ! Nous y eûmes droit
 aux remontrances de ta mère ! » (Yves Quiniou)
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[6] La prononciation de certains mots varie selon les régions. Bien difficile à saisir pour un non bretonnant
Ar goarem, gwarm’, warm’… Vras, bras Vian,bian. Petites différences sur la première syllabe... Abstraction de
 la dernière
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        Jean Marie Quiniou et Jeanne Le Moal (14 - 15) représentent un bon exemple
 d’émigration réussie. Arrivés en 1902 à Keronezou, ils y tiendront ferme jusqu’à la fin
 des années 30, y élèveront leurs 9 enfants qui ne « resteront pas attachés à la terre » 
 La majorité d’entre eux seront tentés par d’autres métiers, la proximité de Brest suscitant
 bien des vocations de marins ou d’ouvriers du port. A compter des années 20, s’ouvrent
 de nouveaux horizons et de nouveaux débouchés. Des 9 enfants, les trois aîné(es) seront
 cultivateurs (trices) dans un rayon très proche (Rusaden, Boudourec, Stang ar Vezen) un 
dans la marine, un autre ouvrier chez Morvan marchand de bois au Faou. Quant aux filles
 plus jeunes, elles suivront leur nouvel époux sur son lieu de travail. On ira vivre à Brest 


Marie Louise 
(7) née en 1895 ou Jeanne Marie (7,) née en 1897, bigoudènes de naissance

(Collection Pierre Le Moal)


La meilleure façon de s’intégrer n’est elle pas, sans oublier ses origines, de se couler dans le moule du Pays d’adoption ? Si leur mère Jeanne Le Moal (15) reste fidèle à son costume d’origine, ce n’est pas le cas de ses filles qui adopteront le costume de leur nouveau pays. Ainsi Marie Louise et Jeanne Marie, bigoudènes de naissance, portent-elles le costume et la coiffe de 
Châteaulin dans leur jeunesse et lors de leur mariage. N'est-ce pas leur nouveau "pays" ?



Coiffes bigoudènes

(Collection Daniel Musellec)

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NOTES
[2] La consultation des tableaux de recensements de 1921 à 1936, aux archives départementales, en mairie de Plonéour nous informerait de la situation. Les « dénombrements de population » ne sont consultables sur internet que jusqu’en 1911. C’est Pierre Le Moal (un petit cousin de 3 au 4) qui nous apportera désormaisles informations sur  Lestréguéoc bras et vian où ont vécu ses ascendants
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          [3] Boiteux et boiteuses du pays Bigouden : Au fil des siècles on a découvert que c’était
une population à risque et lors de la naissance des enfants, au cas où des ascendants seraient bigoudens, on prend des précautions à la naissance. Radiographie de la tête des fémurs risquant
une usure. Pascale, notre fille, née en 1964 eut droit à cette « mesure préventive » lorsque le 
docteur familial avait appris que ses arrière (Mémée) et arrière-arrière (Mam’) grands-mères étaient bigoudènes. Valérie notre fille en 1969 n’eut pas droit à cette attention !
Les dysplasies luxantes : Epidémiologie actuelle de la luxation congénitale de hanche.  Il existe des foyers épidémiologiques où cette pathologie est plus fréquente, comme dans certaines populations insulaires (Maricevic 1995) ou groupes ethniques en particulier autochtones en Amérique du Nord (Walker 1977, Coleman 1968, Ghibely 1990) et chez les Lapons (Getz 1955). Dès le début du 20e siècle,la notion de foyers régionaux de luxation de hanche en France était
bien établie (Le Damany 1912) avec un foyer en Bretagne et en particulier dans la région de
Pont-Labbé, où les taux étaient de l’ordre de 50 ‰ et un autre dans la Creuse avec un taux comparable (Judet 1964).  La prévalence actuelle des luxations congénitales de hanche est 
difficile à évaluer en raison du dépistage imposé à la naissance qui décompte toutes les hanches luxables qui, même sans traitement, n’évolueraient pas toutes vers une luxation. En Europe occidentale, les taux de dysplasies sont très variables mais sont tous très  inférieurs aux taux des foyers français du début du XXème     
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        [6] Certains mots du pays bigouden peuvent être rapprochés de vieux mots du pays gallo tels framboyer, frombrayeux, framboi(ey)rie. Framboyer c’est nettoyer les écuries et les étables. Les framboyries, le curage à fond, avait lieu habituellement  deux fois par an, à Pâques
et à la Toussaint. Un travail manuel exténuant (crocs à fumier, fourches et civières pour 
transporter, mettre en tas et confectionner la motte de marnis)  « La coutume de Bretagne »
disait que faner et framboyer  étaient « de viles corvées » auxquelles étaient tenus les 
paysans. 
En pays gallo, allons voir la tombe aux frambayeux ou framboyeux en forêt de Juigné « Un jour… C’était sous la révolution… du temps des Chouans…  Un jour donc, à la métairie de la Jonchère, en bordure de la forêt de Juigné, sept framboyeurs furent surpris par une bande  armée
de chouans. Ils furent emmenés dans la forêt. On les fusilla sur l’emplacement d’une faulde. Ils furent enterrés par les villageois, sur place. On éleva une croix sur leur tombe. Depuis ce temps là, un pèlerinage s’était institué… On « allait sur la tombe des frambeyeux ». Deux cents ans plus
tard la tombe est toujours là… On y va toujours ! »
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        [6] La prononciation de certains mots varie selon les régions. Bien difficile à saisir pour un non bretonnant. Ar goarem, gwarm’, warm’… Vras, bras… Vian,, bian. Petites différences sur la première syllabe, abstraction de la dernière
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     DOCUMENTS
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Généa extraite de Geneanet

Yves QUINIOU (28) x Marguerite ANDRO (29)


  • Né le 1er mai 1832 (mardi) - Plonéour-Lanvern, 29174, Finistère, Bretagne, France
  • Décédé le 11 octobre 1880 (lundi) - Plonéour-Lanvern, 29174, Finistère, Bretagne, France, à l'âge de 48 ans
  • Cultivateur
Marié le 13 juillet 1868 à Plonéour Lanvern avec Marguerite ANDRO (29) née à Plonéour le 22septembre 1840 - décédée,le 18 juin 1904 à Plonéour âgée de 64 ans - Veuve en 1er Mariage
 de Jean Marie QUINIOU
Enfants nés à Plonéour Lanvern
  • Jean Marie QUINIOU (Tad) (14) né le 21 mai 1870 Maner Bian
  • Yves Corentin QINIOU  né en 1874 Kerescan - marié le 7 juin 1899 à Plonéour avec Marie
  • Louse LE MARC - Au moins 5 enfants (Yves 1900 - Laurent 1901 - Marie Catherine 1904 - Jean Marie Corentin   1906 - Jean Corentin 1907 ...
  • Pierre Marie QUINIOU né en 1875 Maner bian
  • Corentin QUINIOU né en 1877  Maner Bian - décédé en 1882
  • Laurent QUINIOU né en 1879 Maner Bian

 

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                EXODE DES BIGOUDENS
       Article de Loïc Besnard

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AUJOURD'HUI
La Chapelle Saint VIO


SAINT VIO DEFIGURE 
https://www.youtube.com/watch?v=51NugVmsuc8

"Un tout petit nom pour la plus petite des chapelles bigoudènes. Cinquante mètres carrés
à peine, un charme fou pour la « chapellig », blottie dans un repli de dunes sur la palue
de Tréguennec, si basse avec son petit escalier extérieur, son clocher couvert de lichen 
d’un jaune éclatant, et ses portes qui commandent de baisser la tête pour y pénétrer. Vous
ne trouverez pas la chapelle miniature de Saint Vio dans les grands guides touristiques.
Et pour cause, elle n’est pas classée. Une chance ? Pour les subventions sans doute pas, 
mais pour le plaisir de la découverte spontanée devenue si rare, peut-être.
Ceux qui la connaissent en sont amoureux. Abondamment photographiée, peinte, filmée
dans « Le crabe tambour », son histoire n’a rien d’extraordinaire, mais les légendes qui
l’entourent nous amènent de l’Irlande en baie d’Audierne, de la fontaine à sa pierre
hémisphérique, témoin de la civilisation celte"
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Qu'en est-il aujourd'hui ? Dans quel était est-elle lors d'une visite en 2014... Surprise ! La façade
de la chapelle avait été enduite de ciment sans doute pour la protéger des intempéries. Peut-on dire
que c'est loin d'être une réussite ce que réprouvent certains opposants à cette rénovation ratée qui
ont tagué la dite façade d'un "Non au ciment " qu'on a cherché à effacer. 
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Mibonnier (Mars 2024)
A suivre 148,4 (En cours)
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